La douce Mélodie d’Akira Mizubayashi

Dans ce livre écrit directement en français, l’écrivain japonais rend hommage à sa Golden Retriever, Mélodie, et nous offre un roman très émouvant et délicat.

Comment parler de son chien et de son amour pour lui sans tomber dans la mièvrerie ni l’anthropomorphisme ? Beaucoup s’y sont essayés mais peu ont réussi à relever ce défi. Akira Mizubayashi y parvient lorsqu’il nous parle de sa chienne Golden Retriever dans ce roman, sous-titré Chronique d’une passion.

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L’auteur nous présente sa famille composée de sa femme Michèle et de leur fille Julia-Madoka. Un peu à la demande de celle-ci, la famille Mizubayashi décide d’acheter un chien, un Golden Retriever, qui devient vite le chien de la famille et un peu plus particulièrement de l’homme. Partageant tous la passion de la musique classique, la chienne est appelée Mélodie.

Pendant près de 300 pages, l’auteur décrit avec élégance et délicatesse les années partagées, les bons moments (la jeunesse, la première sortie, la première nuit, les promenades) et les moments plus difficiles (la maladie, la fin de vie, la séparation).

« Elle eut quatre ans en août 2001. A la fois discrète et expansive, elle était devenue une présence lénifiante, pourvoyeuse d’une énergie saine, vivifiante, rééquilibrante. Elle était toujours là, avec moi, à côté de moi, entre nous, parmi nous. Imperturbablement semblable à elle-même, elle était comme un mystérieux baromètre de l’atmosphère familiale, de ce que chacun portait en soi et ramenait de précieux ou de lamentable du monde environnant. Elle était devenue plus qu’une compagne, plus qu’une amie, un être pour lequel on se fait du souci jusqu’à en être malade, une créature pour laquelle l’emploi d’un mot comme animal ou bête n’était pas convenable, ni tolérable, car trop souvent associés au mépris qu’on exprime à l’égard des personne humaines dépravées et pernicieuses, infiniment plus nuisibles d’ailleurs que les animaux ou les bêtes eux-mêmes à l’harmonie générale du monde des vivants humains et non humains. »

A travers la description du quotidien embelli par cette chienne, devenu un membre à part entière de la famille, l’auteur partage également avec le lecteur son amour pour la langue française et pour la musique classique. Lors d’une sortie, Mizubayashi rencontre la famille qui a adopté le frère de Mélodie, au prénom tout aussi musical : Octave. Les deux chiens passent toute l’après-midi à jouer ensemble, à courir et à se mordiller. Cette scène lui évoque soudain Octavian et Sophie dans le Chevalier à la rose de Richard Strauss :

« Ce fut là l’occasion de matérialiser et de prolonger le souvenir d’une Mélodie au sommet de sa jeunesse épanouie dans l’écoute enchantée de cette musique qui me semblait répondre si parfaitement, si merveilleusement, à l’image des deux êtres vivants non humains, mais jouissant pleinement de leur félicité présente avant d’être propulsés dans l’avenir indéfini de leur vie brève. »

Comme tout propriétaire de chien sait que la coexistence aura une fin, il est difficile de tourner les dernières pages de ce superbe roman qui nous permet aussi de pénétrer dans le quotidien d’une famille japonaise avec ses rites différents : comment adapter à un chien la coutume de se déchausser avant d’entrer dans la maison ?

Enfin ce roman est une troublante réflexion sur l’attente et la fidélité. Pas étonnant qu’il ait obtenu le Prix littéraire 30 millions d’amis en 2013.

 

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