Un cas de conscience d’Alexandre Dumas

Découvrez ce court roman à tiroirs peu connu de l’auteur des 3 mousquetaires qui vante la bravoure d’un chien pendant le Risorgimento de la seconde moitié du 19e siècle, autrement dit la construction de l’Italie telle que nous la connaissons aujourd’hui.

En tout juste une centaine de pages, Alexandre Dumas nous parle de la destinée étonnante d’un chien, nommé Mustang. Tout l’art de l’auteur est de donner l’illusion de la réalité à son roman en y donnant un rôle, au milieu des personnages de fiction, à des personnalités ayant vraiment existé, à compter lui-même.

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La narration à la première personne marque le début du roman, combinée à l’évocation de l’amitié avérée de l’auteur avec Giuseppe Garibaldi, général, homme politique et acteur de l’unification de l’Italie contemporaine. C’est avec le récit du général – auquel Dumas a assisté – que le lecteur commence à être happé par le sujet. Sur la fin de sa vie, alors que Garibaldi raconte ses exploits à de jeunes aristocrates anglaises, l’une d’elles lui demande s’il lui est arrivé de faire quelque chose qu’il se reproche encore. Il répond aussitôt : « Madame la comtesse, c’est une injustice que j’ai faite, à un chien ».

Et le lecteur découvre ainsi le courage, l’intelligence et la fidélité inébranlable du chien qui appartenait à Sir Edward Seyton Bugh, représentant l’Angleterre pendant la campagne de Naples de Garibaldi. Mustang était un bloodhound, chien qui s’apparente à ce que nous appelons aujourd’hui le Saint-Hubert. Comme il était de coutume à l’époque, les chiens faisaient partie des forces militaires et se retrouvaient sur le front.

L’originalité de ce roman est sa structuration : composé de 7 chapitres, chacun offre la parole à un narrateur différent et se situe à un moment chronologique différent mais permet au lecteur, progressivement, de reconstituer l’intrigue. C’est ce qu’on appelle un roman à tiroirs.

Initialement édité sous forme de feuilleton dans le journal Le Soleil, entre le 4 et 17 juin 1866, le roman comporte plusieurs passages anticléricaux reflétant les opinions de Dumas en faveur de l’abolition du pouvoir politique du pape. La censure de ces passages explique probablement partiellement le fait que ce roman soit peu connu. Le titre du roman vient d’ailleurs du témoignage d’une maléfique bigote qui demande à son confesseur si un crime commis au nom de la religion est acceptable.

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Saviez-vous par ailleurs qu’Alexandre Dumas était un fervent amateur de chiens ? Ce roman n’est en effet pas le seul à en mettre en scène : dans La Reine Margot, Charles IX aime beaucoup son lévrier Actéon, tandis que dans 20 ans après, d’Artagnan retrouve un Porthos qui s’ennuie malgré une situation financière confortable et qui ne trouve de plaisir que dans la chasse aux lapins avec son chien Gredinet.

Un cas de conscience, Alexandre Dumas, éditions Phébus.
 

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