L’écrivain français se confie à Dog & Lifestyle : il nous parle de son chien en particulier, et de sa relation avec le monde animal en général avec autant d’enthousiasme, d’humour et de profondeur que dans ses romans.
Bonjour Gilles. Présentez-nous votre chien :
Il s’appelle Rambo. Dans la famille, nous avons toujours eu des chiens qui venaient de la SPA. Au moment du choix de Rambo, ma femme et moi voulions que nos enfants, alors suffisamment grands, aient, au moins une fois dans leur vie, l’expérience d’un chiot et l’occasion de grandir avec lui et de s’en occuper. Ce sont donc nos enfants qui ont choisi le chien : un Golden Retriever et son prénom. Rambo a aujourd’hui 4 ans.
C’est donc le chien de la famille ?
Effectivement, et il est à la fois très stimulé et très sollicité. Nos deux enfants jouent énormément avec lui. Moi-même je commence chaque journée par une séance de jeux dans le jardin.
Quelle est sa plus grande qualité ?
D’être un chien ! Ce qui déjà, selon moi, sous-entend une somme de qualités : la fidélité, la territorialité qui induit l’instinct de protection de la famille et la malice qui engendre de nombreux fous rires. En plus chez Rambo, j’aime son côté joueur. Comme chez tous les chiens que nous avons eus précédemment, on est rarement déçu : chaque chien a bien entendu sa propre personnalité, mais celle-ci vient s’ajouter à l’ensemble des qualités formidables de départ.
Et son défaut le plus marqué ?
Il est trouillard. Lorsqu’il s’agit d’être de garde, aucun problème. Mais il va paniquer devant le fil de l’aspirateur ou sursauter si un oiseau se met à chanter trop près de l’endroit où il dort… C’est extraordinaire et souvent hilarant : il a des fulgurances dès que nous manipulons des choses qu’il ne connaît pas.
Vous n’avez donc un animal « que » de compagnie. Que répondez-vous aux personnes qui estiment qu’un animal doit avoir une utilité ?
La compagnie était précisément ce que nous recherchions : qu’il soit aussi bienveillant avec les enfants qu’avec les personnes âgées. Ceux qui ne comprennent pas cela sont souvent les mêmes que ceux qui se demandent à quoi sert de vivre avec un homme ou avec une femme : dommage pour eux, ils loupent quelque chose de fabuleux et c’est une expérience de vie. J’ai beaucoup pleuré à la perte de mes chiens précédents : c’étaient des membres à part entière de ma famille, d’une loyauté sans faille et d’une patience à toute épreuve ; ce qui n’est pas le cas de tous les humains !
Alors, pour la énième fois j’imagine, je vais vous demander pourquoi un chat sur nombreuses de vos couvertures de romans ?
Effectivement, c’est une question qui revient systématiquement et je pense être un des rares auteurs avec autant de pouvoir grâce à ses couvertures. J’ai découvert, à cette occasion, l’impact que pouvait avoir le chat sur les gens et en particulier sur les femmes. Pour Demain j’arrête !, mon éditeur de l’époque voulait mettre une femme en écho avec l’héroïne. Mais pour moi, la littérature est un espace de projection dans lequel le lecteur peut imaginer sa version des héros sans se la voir imposer. Comme mon roman invite à se méfier des chats qui vous disent que le bonnet péruvien vous va bien – j’aime beaucoup le côté folklorique de ce type de couvre-chef mais c’est aussi totalement inélégant – j’ai donc refusé la femme sur la couverture et j’ai lancé l’idée d’un chat avec un bonnet péruvien et c’est comme ça que tout a commencé et s’est prolongé pour les 5 romans qui ont suivi. Au-delà, ça vire à la recette.
Un chien pourrait-il un jour devenir un personnage de l’un de vos romans ?
Oui, tout à fait. Et pour le coup un chien bien plus qu’un chat. Un chat m’intéresse car c’est l’être le plus intime avec lequel vous puissiez vivre et qui vous juge. Mais le chien est toujours d’accord avec vous. Je pense que le chat est masculin tandis que le chien a quelque chose de féminin. Or, on cherche souvent chez l’animal ce qu’on ne trouve pas dans la vie : le chat est indépendant, égoïste, magnifique, fascinant, racé mais fait sa vie pour lui. Tandis que le chien fait preuve d’une fidélité aveugle, d’un amour inexplicable mais totalement fascinant sans lequel on a du mal à bien vivre, est d’une patience infinie et sait pardonner. Même s’il s’agit de généralités – ce qui est toujours un peu réducteur – c’est pour tout cela que j’aime les chiens qui savent en plus jouer et protéger.
Quel est pour vous le plus joli livre écrit sur le chien et sa complicité avec l’humain ?
Un de mes premiers vrais frissons a été Lassie car c’est un véritable hymne à la fidélité et à l’amitié. J’ai beaucoup ri aussi devant 4 bassets et 1 danois. Les chiens sont de bons personnages de comédie. Je suis aussi très séduit par des histoires comme celle de Hatchi, ce chien venant attendre son maître, pourtant décédé, à la gare et ce chaque jour jusqu’à sa propre mort.
Votre chien vous aide-t-il à trouver l’inspiration ?
Non, mon chien est un membre de ma famille ; je ne mélange pas le personnel et le professionnel et je ne pille pas mes proches. Par contre, il contribue à l’humanité et à la sérénité de ce que j’aime vivre et c’est en cela qu’on peut dire qu’il m’aide dans mon travail d’écrivain.
Vos personnages sont toujours emprunts d’une grande humanité, souvent forgée par les claques que la vie leur a assénées. Dans quelle mesure pensez-vous qu’avoir un chien peut nous aider à développer notre humanité ?
Je pense que les rencontres que nous faisons tout au long d’une vie, qu’elles soient humaines ou animales, nous définissent. Elles nous donnent l’occasion de nous engager, d’avoir une responsabilité et de créer un lien. La relation à un animal de compagnie, en particulier un chien, est complexe car elle est empreinte à la fois de quelque chose d‘enfantin – le chien attend tout de vous – et en même temps d’adulte et d’amoureux à travers sa fidélité constante. La relation avec un chien est simple mais d’autant plus forte qu’elle ne se perd pas en verbiage. Ceux qui n’ont pas de chien pensent que seul l’attrait de la gamelle compte pour l’animal. Mais ce n’est pas vrai ; c’est plus fort que cela. Il m’arrive parfois d’avoir des échanges de regards avec mon chien ou de rire avec lui (enfin c’est moi qui ris et lui qui se roule par terre ou remue la queue pour marquer son contentement). Le lien est primaire mais extrêmement puissant et franc. En ce sens, la pratique de ce lien vous éloigne de tout ce qui est petites connivences ou faux-semblants.
Diriez-vous qu’aimer les animaux, c’est simple ou simpliste ?
Aimer les animaux c’est comme aimer les êtres humains. Tout ce qui fait l’intérêt d’une relation c’est d’aller chercher ce qui la rend particulière : ce n’est donc jamais simple et surtout pas simpliste.
Quelle est la dernière péripétie ou bêtise de votre chien ?
Ce matin il a réussi à se faire peur. En raison de travaux dans notre maison, des planches sont entassées dans le jardin. Je lui ai appris à monter dessus mais ce faisant il a envoyé valdinguer un petit morceau de bois. Et il a suivi de la tête la trajectoire de ce petit objet qui lui a d’abord fait peur puis qu’il est allé inspecter pour essayer de le grignoter. C’était très drôle ! Mais en général, il nous fait une bêtise par jour !
Et si vous étiez un chien, lequel seriez-vous ?
Peut-être un border collie pour l’Ecosse et l’intelligence. Mais en fait la race importe moins que les traits caractéristiques du chien. Sinon, j’espère que je serais fidèle, joueur, drôle et un peu utile à mes maîtres.
Retrouvez le dernier roman de Gilles Legardinier, Une fois dans ma vie, paru chez Flammarion : Trois femmes, trois âges, trois amies que les hasards de la vie et les épreuves ont rapprochées dans un lieu comme aucun autre. Trois façons d’aimer, dont aucune ne semble conduire au bonheur. Séparément, elles sont perdues. Ensemble, elles ont une chance. Au milieu des hommes, cramponnées à leurs espoirs face aux coups du sort, avec tous les moyens et l’imagination débordante de celles qui n’ont plus rien à perdre, elles vont tenter le tout pour le tout. Personne ne dit que ça ne fera pas de dégâts !