De nombreux auteurs classiques, ou plus contemporains, ont partagé l’amour du chien avec leurs lecteurs. Découvrons ensemble quelques exemples plus ou moins célèbres.
Tous les écrivains qui suivent nous ont rappelé combien la complicité entre l’humain et le chien était importante. Certains ont utilisé leur savoir-faire stylistique pour en faire un roman, d’autres ont mis leur célébrité au service de la cause animale. D’autres encore ont placé cette relation sous le signe de l’extravagance. Mais tous avaient en commun d’aimer profondément leur compagnon à quatre pattes, complice au quotidien de leur quête d’inspiration littéraire.
Lord Byron et Boatswain
Le poète romantique britannique du 19e siècle (1788-1824) aimait beaucoup les chiens, en particulier son terre-neuve Boatswain, terme anglais désignant le maître d’équipage sur un bateau, ou bosco en français. Cette référence au vocabulaire marin était un clin d’œil de Lord Byron aux qualités de sauveteur en mer de son chien. Une de ses occupations préférées était d’ailleurs de simuler la noyade dans le lac de sa propriété de Newstead – ancien prieuré d’Augustins situé près de Nottingham – et de se faire ramener sur la rive par Boatswain. Mais le chien se fit mordre par un autre chien enragé et mourut à l’âge de 6 ans. Malgré cette maladie qui rend agressif, jamais Boatswain ne mordit son maître lors de ses tentatives de soins. Très affecté par cette mort, Lord Byron érigea une tombe pour son chien dans la propriété dont l’épitaphe est restée célèbre : « un être qui possède la beauté sans la vanité, la force sans l’insolence, le courage sans la férocité et toutes les vertus de l’homme sans ses vices». La tristesse de la perte de son animal va d’ailleurs précipiter le début de son voyage pour l’orient. Perclus de dettes, Lord Byron sera finalement contraint de vendre la propriété en 1817 et ne pourra pas être enterré comme il le souhaitait à côté de son chien.
François Nourissier et Pilule
L’écrivain français (1927-2011) fut membre de l’Académie Goncourt pendant 30 ans et adorait sa chienne teckel, Pilule. Il décide d’ailleurs d’écrire en 1975 un essai Lettre à mon chien dans lequel il explique comment l’amour inconditionnel du quadrupède l’a amené à réfléchir aux relations avec les autres et à sa propre position dans la société. Mais lorsque l’éditeur Claude Gallimard décide de publier l’ouvrage, il rebaptise le chien Polka, trouvant ce nom plus élégant. Ironie du sort : Pilule meurt dans les bras de son maître quelques mois après la parution du livre.
Romain Gary et Batka
A la fin des années 1960, Romain Gary vit en Californie, à Hollywood, avec son épouse, Jean Seberg dont la beauté vous tenait à bout de souffle ( !). A cette période, les Etats-Unis sont fortement marqués par la lutte des Noirs américains pour la reconnaissance de leurs droits (1965), l’assassinat de Martin Luther King (1968) et les émeutes raciales consécutives (Baltimore & Chicago). C’est dans ce contexte que le couple adopte un jeune berger allemand, nommé Batka, mais s’aperçoit rapidement qu’il s’agit d’un « chien blanc », c’est-à-dire un chien spécifiquement dressé pour attaquer les personnes de couleur noire. Cette rencontre et les efforts entrepris pour re-conditionner Batka sont à l’origine du livre Chien Blanc, paru en 1970. C’est aussi cette histoire qui inspirera quelques années plus tard (1982) le réalisateur Samuel Fuller pour son film Dressé pour tuer. A noter que le metteur en scène a d’ailleurs forcé le trait en ne choisissant pas un berger allemand pour tenir le rôle-titre, mais un berger blanc suisse, tout blanc comme son nom l’indique.
Françoise Sagan et Youki
L’auteure de Bonjour Tristesse aimait beaucoup les animaux, de tout poil (chien, chat, cheval, chèvre…) et plusieurs ont traversé sa vie. Ce fut le cas notamment de Youki, un bâtard qu’elle avait adopté juste après son grave accident de voiture. Noir et feu, il se distinguait par un plastron tout blanc “tel un maître d’hôtel” comme elle disait elle-même. Alors qu’elle travaillait sur la parution d’un nouveau roman, La Chamade, dans sa propriété près de Honfleur, Youki a fugué et n’est pas revenu. Françoise Sagan, très affectée, en parle autour d’elle, la presse people commence à s’en faire le relais. Parmi ses amis figure Georges Pompidou, alors premier ministre. Touché par la peine de l’écrivaine, il a mandaté un escadron de gendarmes pour battre la campagne et tenter de retrouver le chien fugueur – sans succès. Françoise Sagan a alors l’idée d’utiliser la presse. Sous prétexte de parler de La Chamade, elle invite chez elle un journaliste et commence par lancer un appel pour retrouver son chien. Regardez dans la vidéo ci-dessous comme la description du bâtard est touchante dans la bouche de l’auteur. A noter également sa réponse au journaliste qui s’étonne de son attitude et de son manque de scrupules : elle répond que les journaux peuvent se rendre utiles de temps en temps et qu’elle préfère retrouver son chien et être moquée par le petit milieu parisien que de renoncer à son chien et de bénéficier de la considération générale.