Biogance : créateur de produits de soin et de bien-être pour chiens

Dans la collection des métiers du monde canin, intéressons-nous aujourd’hui aux produits d’hygiène, de soin et de bien-être, de leur conception à leur production, en compagnie de Zakaria FAÏQ, Directeur général de la société française Biogance.

Pourquoi décidez-vous de créer un nouveau produit ?

Pour répondre à un besoin que nous avons identifié de deux façons possibles. Soit en nous basant sur notre propre utilisation ou pratique  – nous sommes nous-mêmes des amateurs et des propriétaires d’animaux de compagnie, soit en identifiant un secteur dans lequel notre entreprise veut stratégiquement apporter la meilleure réponse au vu de ses domaines de spécialité et d’investissement en recherche & développement. Dans un cas comme dans l’autre, cependant, nous nous interrogeons toujours en amont sur 3 points avant d’initier un quelconque développement : ce produit est-il nécessaire ? (sans atteinte à l’équilibre physique ou psychologique du chien) Ce produit peut-il être fabriqué à partir d’actifs bio ou de substances naturelles ? Ce produit peut-il améliorer le bien-être de l’animal ? C’est seulement si la réponse à ces trois questions est affirmative que nous lançons le processus de développement.

Précisément, pouvez-vous décrire les étapes suivantes de ce processus ?

Les 3 services concernés, à savoir r&d, marketing et commercial, se réunissent pour établir le rétro-planning. En général, la phase préalable se traduit simultanément par une veille technique sur les substances ou les actifs (r&d) et concurrentielle (marketing / commercial) pour déterminer le marché et son positionnement. Si cette étape est concluante, on passe à la phase «paillasse», ou les premières tentatives de formulation. Nous utilisons pour cela un logiciel commun avec la cosmétique humaine qui permet de garder une traçabilité des différents essais pour les analyser et les comparer. Il nous est parfois arrivé de faire et refaire plus d’une cinquantaine d’essais pour parvenir au produit recherché dans le cahier des charges initial. Les formules obtenues sont validées dans un deuxième temps mais leur efficacité a déjà été éprouvée à ce moment-là au regard des indications recherchées. Par exemple, pour un shampooing, on va tester son pouvoir nettoyant, la qualité ou la densité de la mousse, la brillance apportée… Une fois la formulation validée, nous testons sa stabilité en la «choquant», c’est-à-dire en plaçant le produit dans des conditions extrêmes : des étuves qui passent de + 40 °C à – 5°C. Cette phase permet de vérifier le maintien des caractéristiques du produit : ph, couleur, densité, viscosité… Puis le service marketing, qui a travaillé sur la présentation graphique et la rédaction des textes réglementaires propres au type de produit élaboré, collabore avec la r & d pour mettre en avant les différents actifs et leur valeur ajoutée et concevoir ainsi les étiquettes et les supports de communication. Vient enfin la phase de lancement du produit auprès de la cible par le service commercial. Tout ceci représente en moyenne 18 mois.

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Combien de nouveaux produits développez-vous chaque année ?

Biogance s’est imposé un cahier des charges d’une dizaine de nouveaux produits par an pour élargir continuellement son offre qui couvre aujourd’hui les trois spécialités : hygiène, soin et bien-être.

Que regroupent exactement ces trois spécialités ?

L’hygiène comporte tous les produits pour nettoyer le chien et son environnement; le soin fait référence aux antiparasitaires et aux soins des yeux, des oreilles ou de la bouche ; enfin le bien-être renvoie aux compléments alimentaires.

Le processus et les outils de développement que vous nous décrivez comportent  de nombreux points communs avec la cosmétique humaine. Existe-t-il également des réglementations strictes concernant la fabrication des produits d’hygiène, de soin et de bien-être pour les animaux de compagnie ?

Malheureusement non, il n’existe aucune réglementation. Cela rend encore plus difficile notre travail : nos consommateurs (humains !) ont des repères en termes d’étiquetage cosmétique alors que notre activité se trouve dans un vide juridique qui induit une confusion dans le marché car chaque marque va étiqueter ses produits en fonction de ce qui l’arrange. Dès sa création, Biogance a décidé de se soumettre à deux règlementations : cosmétique car nous exportons nos produits dans plus de 40 pays dans lesquels d’ailleurs parfois ils sont apparentés à de la cosmétique. En d’autres termes, tous nos produits affichent une liste INCI (= International Nomenclature Cosmetics Ingrédients ou nomenclature internationale des ingrédients cosmétiques), c’est-à-dire les noms latins des ingrédients dans l’ordre décroissant de leur quantité. Nous nous soumettons aussi à la règle de la détergence en indiquant que nos produits contiennent moins de 5% des agents concernés. Enfin, nous sommes fiers de faire partie d’un comité de réflexion dirigé par Ecocert pour concevoir un cahier des charges de certification pour les animaux de compagnie.

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Comment expliquez-vous ce vide juridique ?

Probablement car le secteur de l’hygiène, du soin et du bien-être ne représente qu’une infime partie du marché de l’animal de compagnie, à l’inverse du secteur de la nourriture. Dans une animalerie par exemple, l’hygiène ne représente en général qu’1 % de son catalogue. Mais les choses sont en train d’évoluer doucement.

Quelles sont les spécificités de Biogance ?

Nous sommes un des rares fabricants à être spécialisés dans la fabrication de produits pour animaux de compagnie. La plupart des marques concurrentes font en réalité fabriquer leurs produits par des laboratoires de cosmétique humaine qui leur réservent une partie de leur volume. Nous nous sommes donné les moyens pour être spécialistes, notamment en dédiant 10% de notre effectif et de notre budget à la partie recherche & développement, ou en nous associant avec le département chimie de l’Ecole Supérieure d’Agriculture (ESA) de notre région ou encore en sollicitant l’avis de biologistes à l’Ecole vétérinaire de Maisons-Alfort. Ce qui compte pour nous dans l’élaboration d’un produit, c’est la valeur ajoutée en termes de bien-être pour l’animal et non son humanisation. Par exemple, certaines races, en étant plébiscitées par les phénomènes de mode, se retrouvent dans des environnements qui ne leur sont pas favorables. Nous avons ainsi développé un shampoing pour apporter du bien-être au husky ou au chien de traîneaux qui vit aujourd’hui dans des pays chauds.

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Mais vous devez néanmoins séduire les propriétaires également car ce sont eux qui achètent vos produits…

Bien entendu, nous prenons le propriétaire en compte en termes de marketing car c’est lui qui décide d’acheter, et on sait d’ailleurs que la plupart des acheteurs sont féminins. Mais lorsque je parle de refus d’humanisation, cela signifie que nos produits ne sont pas des copier-coller de produits pour enfants ou adultes humains. Par exemple, nous ne proposerons jamais de coloration pour chiens !

Quels ingrédients utilisez-vous ?

Ce sont les mêmes que la cosmétique humaine mais avec des variantes de concentration, de formules et de modes opératoires. Par conséquent, nous partageons aussi nos fournisseurs, sachant que 90 % de nos approvisionnements sont en France. Lorsque nous allons chercher des molécules à l’étranger, comme l’huile de rosier muscat bio en Amérique du Sud, nos distributeurs restent français.

Dans Biogance, il y a bio…

Oui aujourd’hui, la plupart de nos produits sont constitués d’ingrédients issus de l’agriculture biologique à hauteur de 10% et d’origine naturelle pour 98% d’entre eux, comme le préconise la réglementation Ecocert pour la cosmétique humaine. Et Biogance va lancer une gamme totalement bio d’ici 2018 qui sera distribuée dans les magasins de produits biologiques.

Un grand merci à Zakaria FAÏQ, pour sa disponibilité et la clarté de ses explications.

Biogance existe depuis 2008, compte aujourd’hui 15 salariés et a reçu le Global Pets Forum Awards en 2015.
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