Malgré la dimension tragique des sujets qu’il aborde, ce roman parvient à nous divertir et nous offre, avec ses rebondissements, une réflexion générale sur les relations humaines mises en lumière par l’implication d’un chien particulièrement intelligent.
La voix d’Alice se fait entendre tous les jours sur les ondes mais ses yeux sont ceux d’un chien, un splendide labrador nommé Jules : Alice est aveugle. Et soudain un événement vient tout bouleverser : Alice se fait poser un implant et recouvre la vue. Jules en est complètement décontenancé : à quoi sert un chien guide d’aveugle s’il n’a plus à protéger sa maîtresse ?
Son instinct de protection, plus fort que tout, le conduit à littéralement guider Zibal de Frèges, vendeur de macarons au corner de Ladurée à l’aéroport d’Orly, vers Alice. Tous deux ont été abîmés par la vie et tentent de se reconstruire. Commence alors une série d’aventures surprenantes, hilarantes et émouvantes, toutes initiées par Jules qui ne peut se résoudre à endosser le rôle du simple « chien de compagnie ». Après avoir perdu son emploi et son logement en 24 heures, grâce à Jules, Zibal se met à envisager un nouveau départ :
« Je n’en revenais pas de tout ce qui m’était arrivé en quelques heures. Mais j’étais moins dépassé par le souk que [Jules] avait mis dans ma vie que par l’excitation que j’en retirais. Moi qui m’étais toujours laissé porter par les événements, réservant mon énergie à mes passions, mes inventions et mes lectures, je venais de prendre la première vraie décision qui engageait mon destin. Et c’était de suivre un chien. »
Comédie romantique, Jules vous divertira par l’espièglerie de son auteur qui distille les informations sur ses personnages au fur et à mesure et réserve à son lecteur des surprises à chaque page. C’est aussi une réflexion attendrissante et pleine de poésie sur les liens qui peuvent naître entre deux êtres : l’amour, la relation parent-enfant, ou encore ces personnes que l’on croise pour la première fois et qui pourtant vous ouvrent leur cœur ou vous aident sans rien demander en retour. C’est enfin une mise en scène remarquable de la relation fusionnelle pouvant exister entre un chien guide et son maître aveugle.
Didier Van Cauwelaert explique d’ailleurs en post-face sa passion pour ces chiens qu’il a découverts à douze ans, en jouant dans des pièces de théâtre destinées à lever des fonds pour leur formation. Il raconte même que n’ayant pas de chien à la maison, il était devenu copain avec des aveugles pour profiter de leur chien. On peut rappeler également que le romancier est depuis plusieurs années membre du jury du Prix Littéraire 30 Millions d’Amis qui récompense un roman ou un essai de qualité littéraire, où l’animal est à l’honneur, qu’il soit ou non le sujet principal de l’œuvre.
Jules, d’abord édité par Albin Michel (2015), est aujourd’hui disponible également chez Le Livre de Poche (n° 34517)