Les thérapies manuelles pour soigner le chien

Acupuncture ou ostéopathie sont autant de pratiques thérapeutiques que vous utilisez déjà certainement pour vous. Mais avez-vous déjà pensé qu’elles pourraient être bénéfiques à votre chien également ? Pour mieux s’y retrouver, échangeons avec le Dr Vautier, vétérinaire à Lyon, et spécialiste de thérapies manuelles.

Pouvez-vous nous présenter ces différentes thérapies et leurs spécificités ?

Les thérapies énergétiques regroupent tout le travail manuel ou autre type d’intervention qui est réalisé sans toucher l’animal ou bien en le touchant comme la digipression, l’acupuncture (avec ou sans aiguille), la réflexologie, le shiat-su… qui ont toutes pour objectif de stimuler ou canaliser l’énergie en différents points stratégiques du corps de l’animal et de l’aider à régulariser ces équilibres.

La fasciathérapie est une perception sensible des micro-fluctuations dans et entre les différents tissus, ainsi qu’au niveau des liquides du corps qui permettent d’identifier les endroits où le fonctionnement n’est pas optimal. En sollicitant ensuite les fascias de manière appropriée – ces fines membranes qui enveloppent les muscles et les organes – cela permet de favoriser et de relancer l’autorégulation naturelle de son organisme pour que l’état du chien s’améliore.

Quelle est la valeur ajoutée de ces thérapies ?

Leur variété et leur complémentarité me permettent de m’adapter à tous mes types de patients et de trouver un terrain d’entente pour les soigner, qu’ils aiment être touchés ou pas, qu’ils sachent rester immobiles ou pas, ou encore qu’ils soient effrayés ou rassurés…

Comment est né votre intérêt pour ces thérapies ?

Pendant mes études de vétérinaire, dans les années 80s, j’ai eu une douleur dorsale anormalement persistante pour moi. Je suis allé voir un ostéopathe qui m’a soulagé rapidement. J’ai été impressionné par l’efficacité de son geste et il m’est alors apparu évident de chercher à adapter ce type de soin sur les animaux. Nous avons sympathisé et il m’a offert mon premier ouvrage spécialisé.

Le recours à ces thérapies pour les animaux était-il alors fréquent ?

Non, pas du tout. L’ostéopathie n’était pas enseignée dans les écoles vétérinaires. Certains confrères avaient commencé à l’utiliser, d’abord pour les chevaux, puis pour les animaux de compagnie mais s’étaient formés sur base de ce qui était enseigné pour les humains car il n’y avait pas de formation animale spécifique. Or, la manipulation qu’ils pratiquaient était essentiellement structurelle, c’est-à-dire qu’ils faisaient « craquer » leur patient ce qui n’était pas toujours faisable sur tous et certains animaux devaient être anesthésiés avant une manipulation.

Comment avez-vous commencé ?

Cela n’a pas été simple pour moi, vétérinaire débutant, de pratiquer ces thérapies non reconnues par la faculté et pratiquées par certains de mes confrères d’une façon dans laquelle je ne me reconnaissais pas. Mais j’ai continué à me former en m’intéressant à d’autres facettes de ces thérapies manuelles : le reiki, la fasciathérapie, l’ostéopathie crânienne, la médecine chinoise, l’énergétique… J’ai ainsi commencé à ressentir plus finement ce qui se passait dans le corps de mes patients à quatre pattes et à les aider à ma manière. C’est pourquoi j’ai poursuivi dans cette voie, qui est encore la mienne aujourd’hui.

La perception de ces thérapies a-t-elle évolué au sein des formations de vétérinaires aujourd’hui ?

Progressivement, oui. Une fois diplômé, j’ai effectué un an d’assistanat à l’école vétérinaire de Nantes où j’ai commencé à en parler autour de moi, ce qui faisait souvent sourire mes camarades. Pourtant avant de partir, en 1989, j’ai voulu organiser une soirée d’information pour partager mes premières expériences avec quelques étudiants. Or, mon projet initial qui devait concerner une quinzaine d’étudiants dans une petite salle de la bibliothèque s’est terminé par une présentation en grand amphithéâtre devant 150 personnes, avec 6 intervenants extérieurs. Aujourd’hui, il existe même une formation à l’ostéopathie en fin de cursus vétérinaire à l’Ecole de Nantes, même si je n’ai aucun lien direct avec cette ouverture.

Pour les autres thérapies, il faut se tourner vers des organismes de formation privés dédiés à la santé humaine, mais qui proposent aujourd’hui des modules animaliers dans leurs formations.

Quelles pathologies peuvent soigner ces thérapies ?

La médecine vétérinaire chimique est un gros arsenal qui permet de réparer ou de sauver le souffle de vie après un gros traumatisme. La suite peut être prise en charge intégralement ou en parallèle par les autres thérapies qui ont toutes en commun d’aider le chien à retrouver son potentiel d’adaptation, partant du principe que le pouvoir guérisseur est dans le patient. Nous sommes là pour l’aider à trouver la clé.

Ce sont des thérapies qui fonctionnement bien aussi sur les troubles du comportement ou d’attitude liés à une douleur physique – troubles à la base fonctionnels qui participent à tout, dont les troubles de la peau. On peut également par exemple favoriser le processus de cicatrisation, et donc de rééducation à la suite d’une fracture, en travaillant sur les tissus de la zone qui a été lésée. Ces thérapies apportent enfin une aide précieuse dans les douleurs articulaires, les troubles digestifs – en d’autres termes tout le champ du médical non infectieux et non parasitaire.

Comment se déroule une séance ?

Il n’y a pas de cadre-type car il faut aller vers l’inconnu du patient pour pouvoir l’aider au mieux. Quelques étapes-clés cependant :
– Accueillir le patient/chien comme un sujet et voir son comportement (je l’intéresse ou pas, il préfère renifler partout…)
– Dialoguer avec le propriétaire : quel est le motif de la consultation ? Un maître peut venir pour un chien qui présente une agressivité lorsqu’il cherche à le caresser et l’examen révèle non pas un trouble du comportement mais bien une douleur au dos.
– Aborder l’animal sur la table ou au sol selon la taille en favorisant son confort et en lui laissant le temps de s’installer.
– Observer l’animal en visuel et par le toucher en fonction du motif de consultation.
– Analyser la réaction au contact.
– Mettre en œuvre le soin au niveau énergétique ou au niveau des tissus suivant sa réaction.

Et donc, comment savoir si ce que vous faites à l’animal – qui ne parle pas – lui fait du bien ?

Je suis très attentif à l’évolution de l’attitude de l’animal et à son expression corporelle pendant la séance, surtout s’il était plutôt méfiant ou sur la défensive à son arrivée. Je me base également sur la réaction du spécialiste de mon patient qu’est son maître ! J’aime entendre : « avec vous, qu’est-ce qu’il est calme ! ». On s’aperçoit que l’interaction avec le chien fonctionne dès qu’il vous tolère et peut ensuite même apprécier le geste.

Quelle est la rencontre qui vous a le plus marqué parmi les chiens qui sont venus vous consulter ?

Lorsque je soigne un chien, c’est une récompense sans cesse renouvelée que de le voir s’abandonner totalement en fin de séance, alors qu’il n’est pas chez lui et qu’il ne me connaissait pas à son arrivée. Le contact est tantôt pudique : le chien très fier qui prend sur lui pendant tout le soin et qui à la fin, vous effleure à peine la main de sa langue avant de retourner vers son maître, tantôt enthousiaste : la propriétaire d’un berger australien de 10 ans qui m’assure que son chien a gagné 5 ans !

Je repense aussi à ce whippet qui m’avait été amené dans un triste état. Quelle ne fut pas mon émotion lorsque, quelques semaines plus tard, son propriétaire m’a envoyé la vidéo de la course de son chien : il était à nouveau bien dans ses pattes !

Ma plus grande fierté est de participer à ce que la vie s’exprime chez tous les animaux que je reçois. C’est un vrai travail d’équipe avec le chien.

 

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